Bas relief du Monument aux Morts (Place Fernand Marquigny) symbolisant l'épisode du vase de Soissons

 

L’ennemi avait enlevé d’une église de Reims un vase d’une grandeur et d’une beauté exceptionnelles, avec tous les autres ornements du ministère sacré. Saint Rémy envoya des messagers à Clovis, demandant que s’il ne pouvait obtenir qu’on lui restitue les autres vases sacrés, qu’on lui rende au moins celui-là. A l’envoyé, le roi répondit : « Suis-nous jusqu’à Soissons, c’est là que tout le bulletin sera partagé et quand ce vase me reviendra, je ferai ce que le père demande. » En arrivant à Soissons, Clovis fit déposer la charge du butin au milieu de ses soldats et leur dit :

« Je vous prie, mes braves guerriers, de bien vouloir m’accorder hors part, le vase que voilà. » A ces paroles, les plus sensés répondirent : « Glorieux roi, tout ce que nous voyons ici est à toi, et nous-mêmes nous sommes soumis à ton pouvoir ; qu’il soit donc fait selon ton jugement, car personne ne peut résister à ta puissance. » Comme ils avaient ainsi parlé, l’un des soldats, léger, jaloux et emporté, éleva la voix, brandit sa hache à deux tranchants et frappa le vase en disant : « Tu n’auras rien que ce qui est et sera donné véritablement par le sort. » Tous restèrent stupéfaits. Le roi comprima l’outrage avec une patiente douceur et le vase lui étant échu, il le rendit à l’envoyé de l’évêque, gardant la blessure cachée sans son cœur.

Un an s’étant passé, il fit assembler toute sa troupe en appareil militaire au Champ de Mars, chacun devant y montrer ses armes bien fourbies *. Comme il s’apprêtait à faire le tour des rangs, il vint à celui qui avait frappé le vase et lui dit : « Personne n’a d’armes aussi mal tenues que les tiennes ; ta lance, ton épée, ta hache, rien de tout cela n’est en état. »

Saisissant la hache, il la jeta à terre. Le soldat s’inclina pour la ramasser ; alors Clovis, levant la sienne à deux mains, la lui enfonça dans le crâne en disant : « Ainsi as-tu fait au vase de Soissons. »

Dans le récit transmis par Grégoire de Tours aucun nom n’est donné concernant l’évêque qui aurait réclamé à Clovis le fameux vase. On suppose seulement, d’après des textes datant du VIIe siècle, qu’il s’agissait de Saint Rémi.


*Lexique
fourbies = nettoyées

 
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